
Gérer la maladie
Mieux comprendre votre ordonnance et mieux comprendre les objectifs du traitement
Points clés
Un traitement individuel, adapté à chaque animal
Il existe de nombreuses modalités thérapeutiques pour contrôler la dermatite atopique canine. Votre vétérinaire choisira le traitement adapté en fonction de plusieurs critères (sévérité de la maladie, présence ou non de surinfections, zones touchées, âge de l’animal, autres affections de l’animal…).
Il faut savoir que les animaux ne répondent pas tous de la même manière à un même traitement. Certains chiens répondent très bien à un traitement tandis que d’autres y répondent peu, et inversement. Ainsi, il n’existe pas un même traitement adapté à tous les chiens.
Par ailleurs, la réponse au traitement peut varier au cours du temps. Ainsi, votre vétérinaire pourra être amené à tester plusieurs modalités thérapeutiques, et à les adapter au cours du temps en fonction de la réponse de votre animal.
Objectifs du traitement
Le but du traitement est d’espacer les crises et de réduire leur sévérité.
La dermatite atopique est une maladie chronique, qui évolue tout au long de la vie de l’animal, avec des phases de crises (rechutes) et des phases stables (phases de rémission). La maladie ne peut pas être complètement guérie. Ainsi, le but du traitement est de contrôler la maladie au maximum, c’est-à-dire de limiter les crises en réduisant leur fréquence et leur sévérité, et ainsi en limitant l’impact de la maladie sur la qualité de vie de votre chien.

La dermatite atopique est une maladie qui évolue par crises, avec des phases de rémission (phases où la maladie est stable) et des phases de rechutes (crises) où la maladie s’aggrave.
Sans traitement, les crises peuvent s’aggraver au cours du temps.

Lorsque le traitement est efficace, les crises sont plus espacées et moins sévères.
Ainsi, afin d’évaluer l’efficacité du traitement, il est important de reconnaître les crises et d’estimer leur fréquence et leur sévérité. Pour cela, vous pouvez télécharger notre carnet de bord en cliquant sur le lien suivant :
Importance des soins locaux
Les soins locaux sont indispensables dans le traitement de la dermatite atopique. Il peut s'agir de shampoings, de sprays, de mousses, de baumes ou encore de lingettes.
Lorsqu'ils sont réalisés régulièrement et rigoureusement, ces soins locaux permettent de limiter l'utilisation d'autres traitements plus lourds et plus onéreux.
Par ailleurs, les soins locaux seuls permettent de stabiliser la maladie chez une grande majorité des chiens présentant une forme non grave de la maladie.
La prise en charge en pratique : comprendre mon ordonnance
La maladie est multifactorielle, c’est-à-dire qu’elle est déclenchée et entretenue par des facteurs variés. Le but des différents traitements est de cibler les différentes facettes de la maladie, c'est-à-dire :
- La dysbiose (surinfections par des bactéries ou des champignons)
- L'altération de la barrière cutanée
- Les facteurs favorisants environnementaux
- La dysrégulation du système immunitaire
Étape 1 : Gestion des complications bactériennes ou fongiques
Lorsque des bactéries ou des champignons prolifèrent sur la peau, le système immunitaire (qui est instable) s'emballe, ce qui aggrave la maladie en provoquant de fortes démangeaisons (pour plus d'informations, voir la section "Comprendre la maladie") . Ainsi, il est indispensable de prendre en charge ces surinfections, sinon les autres traitements risquent de ne pas être efficaces.
En fonction de la gravité de l'atteinte, votre vétérinaire pourra vous prescrire :
- Des soins locaux : shampoings antiseptiques à base de chlorhexidine, lingettes désinfectantes, produits auriculaires en cas d'otite...
- Un traitement antibiotique / antifongique par voie orale (en comprimés), si l'atteinte est plus sévère.
Étape 2 : Restauration de la barrière cutanée
Chez le chien atopique, la peau est plus fragile et plus sèche que chez un chien normal : elle est donc plus vulnérable face aux agressions de l'extérieur. Ainsi, il est indispensable de restaurer la barrière cutanée.
Pour cela, votre vétérinaire pourra vous prescrire :
- Des soins topiques hydratants sous forme de sprays, de mousses, de baumes ou de shampoings avec des bases lavantes douces. Ces soins doivent être réalisés plusieurs fois par semaine, et vous pouvez augmenter leur fréquence au moment des crises.
Les shampoings ont une double action : élimination mécanique des débris de poussières et d'acariens (qui peuvent aggraver la maladie), ainsi qu'un effet hydratant et apaisant.
- Une modification de l'alimentation : transition vers une alimentation adaptée pour la peau, choisie en fonction des comorbidités si elles existent (des troubles digestifs chroniques sont souvent présents lors de dermatite atopique), et/ou prescription de compléments alimentaires (acides gras essentiels oméga 3 et oméga 6).
Étape 3 : Recherche et élimination des facteurs favorisants
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Un traitement antiparasitaire régulier est indispensable chez l’animal atteint et chez tous ses congénères.
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Si une origine alimentaire est suspectée, un régime d’éviction strict peut être mis en place. Cela consiste à donner un aliment hydrolysé (protéines de faible poids moléculaire pour ne pas engendrer de réaction immunitaire) ou un aliment à base de protéines "naïves" pendant plusieurs semaines (en général 8 semaines).
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Si un phénomène allergique est suspecté, des tests allergologiques suivis d'un protocole de désensibilisation peuvent être envisagés. Toutefois, cela concerne relativement peu de chiens.
Étape 4 : Gestion du prurit (démangeaisons) et modulation du système immunitaire
Lors de dermatite atopique modérée à grave, des traitements complémentaires agissant directement sur le système immunitaire peuvent être mis en place :
• Antihistaminiques : ils sont souvent utilisés lors de dermatite atopique débutante, en parallèle d'une gestion de la dysbiose (dérégulation de la flore), en complément de thérapies immunosuppressives ou lors de poussées saisonnières associées à une rhinite ou une conjonctivite. Ils présentent très peu d'effets secondaires. Cependant, ils ne sont pas efficaces chez tous les chiens.
• Biothérapie : cela consiste à injecter un anticorps monoclonal qui cible une molécule intervenant dans la survenue des démangeaisons. Cette biothérapie, quand elle est efficace, soulage très rapidement les démangeaisons (quelques heures à 3 jours) . Très peu d’effets secondaires sont décrits.
• Anti-inflammatoires et immunomodulateurs : Dans la dermatite atopique, le système immunitaire est anormalement réactif. Il peut être nécessaire de le "calmer". Après contrôle des complications infectieuses, votre vétérinaire pourra prescrire des immunomodulateurs.
• Glucocorticoïdes : Ils ont un large spectre et peuvent être administrés par voie orale (comprimés) ou par voie topique (crème, lotion, pommade, spray à appliquer sur la peau).
Par voie orale, ils sont efficaces dans la gestion de la dermatite atopique lors de crise sévère. Une adaptation de la dose et de la fréquence est nécessaire lors d'une utilisation sur de longues durées, car des effets secondaires peuvent apparaître (augmentation de l'appétit, prise de poids, immunosuppression...).
Les glucocorticoïdes topiques sont préconisés lors de lésions localisées (otite par exemple), pour gérer une crise ou en traitement proactif pour limiter les rechutes (après gestion de la crise).
• Autres immunomodulateurs : Les autres immunomodulateurs les plus utilisés lors de dermatite atopique sont les inhibiteurs de JAK ou les inhibiteurs de la calcineurine. Leur utilisation nécessite un suivi. Par voie orale, on les utilise principalement lors de crise sévère aigue.
Ces traitements doivent toujours être utilisés en parallèles des autres mesures décrites précédemment (soins locaux et gestion des facteurs favorisants). La posologie de ces molécules est variable et votre vétérinaire évaluera la réponse de votre animal à ces molécules, en recherchant la dose minimale permettant de soulager ses symptômes. Ainsi, cela permet de limiter les coûts et le risque d’effets secondaires.
Parfois, le traitement peut malheureusement échouer :