Vos questions
Généralités
01
La dermatite atopique est-elle une maladie grave ?
Non, la dermatite atopique n'est pas une maladie mortelle, mais il existe des formes graves. Par ailleurs, il s'agit d'une maladie chronique impactante au quotidien pour l'animal et son propriétaire. En effet, les démangeaisons altèrent la qualité de vie de votre animal en l'empêchant de jouer, en perturbant son sommeil, ou en provoquant des sautes d'humeur. Le but du traitement est de réduire l'impact négatif de la maladie sur le confort de vie de l'animal. Pour les propriétaires, les soins quotidiens impliquent un investissement conséquent.
02
Est-ce que la maladie peut se guérir ?
Non, la maladie ne peut pas guérir complètement et un chien atopique sera susceptible de faire des poussées à n'importe quel moment de sa vie selon les circonstances. Le but du traitement est de contrôler la maladie afin que les symptômes soient minimaux et que les démangeaisons n’impactent pas la qualité de vie du chien. Certains chiens deviennent stables avec une forme bénigne qui ne nécessite plus de traitement.
03
Est-ce que la maladie s’aggrave au cours du temps ?
La dermatite atopique évolue par poussées, c’est-à-dire qu’il existe des phases où la maladie est stable et bien contrôlée, mais il peut survenir des périodes de « crises » (ou « poussées ») qui sont des périodes d’inflammation intense avec des démangeaisons et des lésions plus marquées. Sans traitement, les crises peuvent s'aggraver au cours du temps. Le but du traitement est d’espacer le plus possible les phases de crises et de réduire leur sévérité.
04
Est-ce pareil que l’eczéma chez l’humain ?
La dermatite atopique canine est très proche de l’eczéma humain. Les mécanismes déclencheurs de la maladie sont très similaires. Cependant, il existe certaines différences. Chez l’humain, l’eczéma est souvent associé à des troubles respiratoires (asthme), ce qui n’est pas le cas chez le chien.
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Est-ce contagieux ?
Non, la dermatite atopique n'est pas contagieuse.
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Les parents sont atopiques, les chiots le seront-ils?
Si les deux parents sont atopiques, on augmente le risque d'avoir des chiots atopiques avec des formes graves, mais les conditions de vie jouent aussi un rôle dans l'évolution de la maladie.
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Mon chiot est diagnostiqué atopique, puis-je prévenir l'évolution de la maladie ?
Oui, on peut dans certains cas prévenir l'évolution de la maladie en renforçant la barrière cutanée grâce à des soins topiques prescrits par le vétérinaire et en jouant sur le mode de vie du chiot. La forêt est considérée comme un milieu stabilisant : amener le chiot se promener en forêt plusieurs heures par semaine contribue à activer des cellules immunitaires particulières (les lymphocytes T régulateurs) qui diminuent la réactivité du système immunitaire. Autrement dit, bains de boue et feuilles mortes sont préconisées par le service de dermatologie !
Traitement
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Mon animal nécessitera-t-il un traitement toute sa vie ?
Dans les formes graves débutant très tôt (chiot), il est possible qu'un traitement soit nécessaire toute la vie du chien. Dans les formes saisonnières, le traitement est souvent nécessaire uniquement durant la période à risque. Il est important de bien contrer les poussées, sinon la dermatite atopique risque de se pérenniser.
Chez certains chiens, les traitements permettent de stabiliser suffisamment le système immunitaire et la barrière cutanée. Ces traitements peuvent être alors suspendus, mais il convient de rester vigilant et d'intervenir rapidement en cas de rechute.
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Faut-il continuer le traitement en dehors de phases de crises ?
Oui, dans les formes graves et les formes pérennes, le traitement de fond est nécessaire afin d'éviter les rechutes.
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Quelle solution naturelle puis-je utiliser pour soulager mon chien ?
L’auto-médication est déconseillée car elle peut aggraver les symptômes. En effet, la peau des chiens atopiques est plus fragile qu'une peau normale. Ainsi, l'application de produits naturels comme les huiles essentielles peut parfois causer des irritations et aggraver la maladie.
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Comment savoir si les traitements sont efficaces ?
L’idéal est de tenir un calendrier des crises et d'estimer régulièrement le score de prurit de votre animal. Le but du traitement est d’espacer les crises et de réduire leur sévérité. Ainsi, si le score de prurit diminue au cours du temps et que les crises sont de moins en moins fréquentes, c'est que la maladie est bien contrôlée avec les traitements mis en place.
Pour vous aider, vous pouvez télécharger notre carnet de bord dans la rubrique "Ressources téléchargeables".
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Le traitement mis en place par mon vétérinaire a échoué. Pourquoi ?
Les démangeaisons sont entretenues voire accentuées par certains facteurs comme le parasitisme, la surinfection par des bactéries ou des champignons, ou l'exposition à certains allergènes / substances irritantes. Si un de ces facteurs n'a pas bien été identifié et/ou qu'il n'a pas été éliminé, cela peut expliquer un échec du traitement.
Par ailleurs, les animaux répondent plus ou moins bien à certains traitements : votre vétérinaire pourra être amené à adapter la dose du médicament prescrit, à changer de molécule, ou à associer plusieurs molécules si le traitement n'a pas été efficace.
Gestion des crises
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Comment reconnaître une crise ?
Les signes d’une crise sont des démangeaisons plus intenses et plus fréquentes, et l’apparition de lésions plus sévères. Lors de surinfection bactérienne, on observe parfois des lésions circulaires sur le ventre ou des touffes de poils surélevées, accompagnées d'une forte odeur.
Il est important de reconnaître les premiers signes d’une crise afin d’agir au plus vite et d’éviter que la crise s’auto-aggrave. Pour cela, l’idéal est de suivre régulièrement le score de prurit (avec notre carnet de bord téléchargeable par exemple). Si le score de prurit augmente, c’est le signe qu’une crise débute.
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Par quoi sont déclenchées les crises ?
Les facteurs déclenchants des crises sont multiples et rarement contrôlables .
Chez de nombreux chiens, il n'y a pas de facteurs déclencheants externes identifiés. Parmi les facteurs déclenchants, sont décrits les périodes humides, les poussières de béton, les changements alimentaires, les périodes de pollinisation, l'infestation par les puces, le stress...
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Mon animal est en crise, que faire ?
Lorsqu'une crise débute, vous pouvez augmenter la fréquence des soins locaux prescrits par votre vétérinaire (shampoings, mousses, sprays hydratants, lingettes désinfectantes...). Si la crise persiste ou s'aggrave, il est indispensable de consulter votre vétérinaire. Une adaptation du traitement est peut-être nécessaire. Par ailleurs, votre vétérinaire pourra rechercher la présence d’une infection concomitante qui pourrait expliquer la survenue de la crise.
Dermatite atopique et allergie
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Dermatite atopique et allergie : est-ce la même chose ?
La dermatite atopique n’est pas une maladie allergique : on peut être atopique sans être allergique, et on peut être allergique sans être atopique !
Cependant, l'altération de la barrière cutanée et la dysrégulation du système immunitaire peuvent rendre les chiens plus sensibles à certains allergènes (notamment les acariens ou les pollens). Les chiens atteints de dermatite atopiques sont donc prédisposés à développer des allergies, et les allergies peuvent être des facteurs déclenchants ou aggravants de la dermatite atopique. Cependant, ce n'est pas systématique : cela ne concerne donc pas tous les chiens.
On peut suspecter une allergie principalement si les signes dermatologiques de la dermatite atopique canine se manifestent de manière saisonnière ou s'ils sont associés à des rhinites ou des conjonctivites.
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Faut-il faire des tests allergologiques ?
Les tests allergologiques ne sont pas envisagés en première intention sauf cas particuliers. Ils sont réalisés si l'anamnèse et les signes cliniques sont en faveur d'une allergie (poussée saisonnière, poussée lors de changement de lieu, éternuements fréquents, conjonctivites,...).
Ces tests sont pertinents uniquement si on envisage par la suite de faire une immunothérapie spécifique (ou désensibilisation), en sachant qu'il s'agit d'un protocole très long (une injection par mois pendant minimum plusieurs années, voire à vie).
De plus, il faut savoir qu'il n’existe pas forcément de lien entre la sensibilisation (test de laboratoire positif) et l’allergie clinique. De nombreux chiens non cliniquement atteints d’allergie (sans signes cliniques) obtiennent des tests positifs. En d'autres termes, un test positif ne signifie donc pas toujours que l’allergène est à l’origine des symptômes.
Les tests allergologiques peuvent être faits par intradermoréactions (IDR), c’est-à-dire des injections dans la peau de solutions contenant des allergènes, ou par une prise de sang.
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Comment savoir si mon animal présente une allergie alimentaire ?
Le seul moyen actuellement de savoir si votre animal présente une intolérance alimentaire à répercussions cutanées est de réaliser un régime d’éviction. En effet, les tests allergologiques intradermiques ou par prise de sang ne sont pas fiables vis-à-vis des allergènes alimentaires.
Le régime d'éviction consiste à donner un aliment hydrolysé ou un aliment formulé à base de protéines "naïves" pendant minimum 8 semaines. Votre vétérinaire vous conseillera sur l'aliment idéal. Durant les 8 semaines, votre chien ne devra recevoir aucun autre aliment que l'aliment prescrit (pas de friandises ni de restes de table). Pour vous aider, vous pouvez télécharger notre guide pratique du régime d'éviction dans la rubrique Ressources téléchargeables.
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Qu'est-ce que la désensibilisation? Est-elle efficace ?
Le principe de la désensibilisation est de stimuler et d’habituer progressivement les cellules immunitaires (lymphocytes) à un allergène, afin qu’elles finissent par le tolérer, c’est-à-dire le reconnaître sans entraîner de réaction immunitaire.
En pratique, la désensibilisation consiste en une injection par mois pendant minimum plusieurs années, voire à vie. Si la désensibilisation est efficace, les premiers effets s’observent au bout d’environ 9 mois à 1 an. Elle est considérée comme efficace si les crises sont plus rares et moins intenses, permettant de diminuer les médicament administrés et la fréquence des soins locaux. Si la amélioration est améliorée au bout d'une année, la désensibilisation est poursuivie pendant plusieurs années. Sans amélioration, elle est suspendue.
Il faut garder en tête que la désensibilisation nécessite une implication sur le long terme et nécessite souvent de continuer d'autres traitements en parallèles (soins locaux a minima).